LE SON DES SIRÈNES

 

Avec les quelques sous que Hans avait gagnés au cours de l'été, il acheta un poste de radio d'occasion. « Comme ça, dit-il, nous serons au courant des raids aériens avant même que les sirènes ne se déclenchent. Il y a une espèce de bruit de coucou et ensuite ils disent quelles sont les zones qui risquent d'être touchées. »

Il posa le poste sur la table et l'alluma. Ils essayèrent de le faire marcher également dans le sous-sol, pour Max, mais il n'émit que des grésillements et des bribes de voix.

En septembre, ils ne l'entendirent pas. Ils dormaient.

Soit le poste était déjà à moitié cassé, soit l'avertissement fut aussitôt couvert par les hurlements des sirènes.

 

Une main secoua doucement l'épaule de Liesel endormie.

Puis la voix effrayée de Papa s'éleva. «Réveille-toi, Liesel, il faut partir. »

Complètement désorientée par ce réveil brutal, Liesel avait peine à distinguer les contours du visage de Hans Hubermann. La seule chose visible, à vrai dire, était sa voix.

* * *

Une fois dans le couloir, ils s'arrêtèrent. «Attendez », dit Rosa.

Ils se précipitèrent au sous-sol dans le noir.

La lampe à pétrole était allumée.

Max émergea de derrière les bâches et les pots de peinture, les traits tirés. Il glissa nerveusement ses pouces dans la ceinture de son pantalon. « Il est temps d'y aller, n'est-ce pas ?»

Hans se dirigea vers lui. « Oui, il est temps. » Il lui serra la main et lui donna une tape sur le bras. « On viendra vous voir à notre retour.

— Bien sûr. »

Rosa et Liesel l'étreignirent.

«Au revoir, Max. »

 

Quelques semaines auparavant, ils avaient envisagé la question ensemble : en cas d'alerte, devaient-ils demeurer dans leur propre sous-sol ou aller s'abriter tous les trois un peu plus loin, chez les Fiedler ? C'est Max qui les avait convaincus. «Ils ont jugé que ce n'était pas assez profond ici. Je vous ai déjà mis suffisamment en danger comme ça. »

Hans avait hoché affirmativement la tête. « Quel malheur que nous ne puissions pas vous emmener ! C'est une honte.

— C'est ainsi. »

Au-dehors, les sirènes rugissaient. Les habitants sortaient de chez eux en courant, en claudiquant ou en traînant les pieds. Certains fouillaient la nuit du regard, cherchant à repérer les avions en fer-blanc dans le ciel.

La rue Himmel était encombrée de gens, chacun portant ce qu'il avait de plus précieux, un bébé, un coffret ou une pile d'albums de photos. Liesel tenait ses livres serrés contre elle. Frau Holtzapfel, les yeux exorbités, avançait à petits pas sur le trottoir, chargée d'une lourde valise.

Papa, qui n'avait pas pensé à prendre quoi que ce soit, même pas son accordéon, revint sur ses pas et s'empara de son bagage. «Jésus, Marie, Joseph, qu'avez-vous mis là-dedans ? demanda-t-il. Une enclume ?

Frau Holtzapfel trottina à ses côtés. « Juste le nécessaire. »

 

Les Fiedler habitaient six maisons plus loin. La famille était composée de quatre personnes, toutes avec des cheveux blonds comme les blés et la bonne couleur d'yeux pour l'Allemagne. Et surtout, ils disposaient d'un sous-sol profond. Vingt-deux personnes s'y entassèrent, dont les Steiner au grand complet, Frau Holtzapfel, Pfiffikus, un jeune homme et une autre famille, les Jenson. Afin de préserver un climat de bonne entente, on évita de placer côte à côte Frau Holtzapfel et Rosa Hubermann, même si, dans certaines circonstances, les chicaneries n'étaient pas de mise.

La pièce, éclairée par un simple globe, était humide et froide. Les aspérités des murs rentraient dans le dos des gens qui s'y appuyaient en parlant. Le son assourdi et déformé des sirènes filtrait d'on ne sait où. Cela n'était pas rassurant quant à la qualité de l'abri, mais au moins ils pourraient entendre les trois sirènes annonciatrices de la fin de l'alerte. Pas besoin d'un Luftschutzwart – un surveillant de raid aérien.

Sans perdre de temps, Rudy vint retrouver Liesel et s'installa près d'elle. Ses cheveux pointaient vers le plafond. « C'est pas formidable ? »

Elle ne put éviter de prendre un ton sarcastique. « Charmant.

— Allons, Liesel, ne sois pas comme ça. Qu'est-ce qui peut nous arriver, à part être rôtis, aplatis comme des crêpes ou je ne sais quoi par les bombes ? »

Liesel regarda les visages autour d'elle et se mit à établir une liste des personnes les plus effrayées.

 

LA HIT LIST

1. Frau Holtzapfel
2. M. Fiedler

3. Le jeune homme

4. Rosa Hubermann

 

Frau Holtzapfel avait les yeux écarquillés. Sa silhouette sèche était voûtée et sa bouche formait un cercle. Herr Fiedler demandait aux gens comment ils allaient, parfois de manière répétitive. Le jeune homme, Rolf Schultz, restait dans son coin et murmurait des paroles muettes, les mains cimentées dans ses poches. Rosa se balançait doucement d'avant en arrière. « Liesel, chuchota-t-elle, approche-toi. » Elle l’étreignit par-derrière, en chantant une chanson, mais d'une voix si basse que Liesel ne parvint pas à l'identifier. Son souffle faisait naître des notes qui mouraient sur ses lèvres. À leurs côtés; Papa était immobile et silencieux. À un moment, il posa sa main chaude sur le crâne froid de Liesel. Tu vas vivre, disait-elle. Et c'était vrai.

À leur gauche se tenaient Alex et Barbara Steiner avec leurs plus jeunes enfants, Emma et Bettina. Les deux petites filles étaient accrochées à la jambe droite de leur mère. L’aîné, Kurt, regardait droit devant lui dans l'attitude du parfait Jeune hitlérien et tenait la main de Karin, qui était toute petite pour ses sept ans. Anna-Marie, dix ans, jouait avec la surface charnue du mur de ciment.

De l'autre côté des Steiner, il y avait Pfiffikus et la famille Jenson.

Pfiffikus se retenait de siffler.

M. Jenson, un homme barbu, serrait sa femme contre lui, tandis que leurs enfants allaient et venaient en silence. Ils se chamaillaient de temps à autre, mais n'allaient pas jusqu'à entamer une véritable dispute.

Au bout d'une dizaine de minutes, une sorte d’absence de mouvement régna dans la cave. Les corps étaient serrés les uns contre les autres et seuls les pieds changeaient de position. Le calme était rivé aux visages. Tout le monde se regardait et attendait.

 

DÉFINITION N° 3 DU DICTIONNAIRE DUDEN
Angst — Peur :
Émotion pénible et souvent forte causée par
l'anticipation ou la prise de conscience d'un danger.
Synonymes: terreur, horreur, panique, frayeur, alarme.

 

On disait que dans d'autres abris, on chantait «Deutschland über Alles» ou que des gens discutaient parmi les relents aigres de leur propre haleine. Ce n'était pas le cas dans l'abri des Fiedler. Là, il n'y avait que de la crainte et de l'appréhension, et la chanson morte sur les lèvres cartonneuses de Rosa Hubermann.

Un peu avant que les sirènes ne signalent la fin de l'alerte, Alex Steiner, l'homme au visage impassible, demanda doucement aux deux petites de quitter les jupes de leur mère et de venir près de lui. Il put tendre la main et prendre à tâtons celle de Kurt, qui, toujours stoïque, regardait droit devant lui et serra un peu plus fort celle de sa sœur.

Bientôt, tous les occupants de la cave se tinrent par la main et le groupe d'Allemands forma un cercle grumeleux. Les mains froides se mêlèrent aux mains chaudes et parfois, sous la peau pâle, le pouls du voisin fut perceptible. Certains fermaient les yeux, dans l'attente d'une mort prochaine, ou dans l'espoir du signal annonçant la fin de l'alerte.

Méritaient-ils mieux, tous ces gens ?

Combien parmi eux avaient-ils activement persécuté d'autres personnes, enivrés par le regard d'Hitler, répétant ses phrases, ses paragraphes, son œuvre ? Rosa Hubermann était-elle responsable ? Elle qui cachait un Juif ? Et Hans ? Méritaient-ils tous de mourir ? Les enfants ?

J'aimerais beaucoup connaître la réponse à chacune de ces questions, même si je ne peux me prêter à ce jeu. Ce que je sais, c'est que ce soir-là, tous ces gens ont senti ma présence, à l'exception des plus jeunes. J'étais la suggestion. J'étais le conseil, tandis que, dans leur imagination, j' arrivais dans la cuisine et avançais dans le couloir.

Comme c'est souvent le cas avec les humains, quand j'ai lu ce qu'a écrit sur eux la voleuse de livres, je les ai pris en pitié. Pas autant, néanmoins, que ceux que je ramassais à cette époque dans différents camps. Les Allemands terrés dans ce sous-sol étaient dignes de pitié, sans aucun doute, mais au moins ils avaient une chance. Ce sous-sol n'avait rien d'une salle d'eau. On ne les envoyait pas sous la douche. Pour eux, l'existence pouvait encore se poursuivre.

 

Dans le cercle irrégulier qu'ils formaient, les minutes s'écoulèrent au compte-gouttes.

Liesel tenait la main de Rudy et celle de sa maman. Une seule pensée l'attristait.

Max.

Comment Max survivrait-il si les bombes tombaient sur la rue Himmel ?

Elle examina le sous-sol des Fiedler. Il était plus solide et visiblement plus profond que celui du n° 33. Elle posa une question muette à Hans.

Est-ce que tu penses à lui, toi aussi ?

Perçut-il la question? Toujours est-il qu'il lui adressa un signe de tête affirmatif. Et quelques minutes après, les trois sirènes annoncèrent le retour au calme.

Au 45 de la rue Himmel, chacun poussa un soupir de soulagement.

Certains fermèrent les yeux, puis les rouvrirent. Une cigarette circula.

Au moment où elle allait atteindre les lèvres de Rudy, Alex Steiner s'en empara. «Pas toi, Jesse Owens. »

Les enfants se jetèrent dans les bras de leurs parents. Tous mirent plusieurs minutes à se rendre compte qu'ils étaient encore en vie et qu'ils allaient continuer à vivre. Alors, seulement, leurs pieds gravirent les marches conduisant à la cuisine d'Herbert Fiedler.

Dans la rue, les gens repartaient en une procession silencieuse. Nombreux furent ceux qui levèrent les yeux au ciel et rendirent grâce à Dieu de les avoir protégés.

Une fois chez eux, les Hubermann se précipitèrent directement au sous-sol, mais Max n' avait pas l'air d'être là. Il ne répondait pas à leurs appels et ils ne le voyaient pas. La lampe à pétrole était près de s'éteindre.

« Max ?

   Il a disparu.

   Max, vous êtes là?»

«Je suis ici. »

 

Au début, ils crurent que sa voix venait de derrière les bâches et les pots de peinture, mais Liesel l'aperçut la première. Il était assis devant. Son visage fatigué se confondait avec le matériel. Il semblait frappé de stupeur.

Quand ils s'avancèrent vers lui, il parla de nouveau. «Je n'ai pas pu m'en empêcher », dit-il.

C'est Rosa qui répondit. Elle s'accroupit à sa hauteur. «De quoi parlez-vous, Max ?

   Je... » Il avait du mal à s'exprimer. « Pendant que tout était calme, je suis allé dans le couloir. Le rideau du salon était entrouvert... J'ai pu jeter un oeil au-dehors, juste quelques secondes. » Cela faisait vingt-deux mois qu'il n'avait pas vu le monde extérieur.

Il n'y eut ni colère ni reproche.

Papa prit la parole à son tour.

«A quoi cela ressemblait-il ?»

Max releva la tête, avec une infinie tristesse mêlée d'étonnement. «Il y avait des étoiles, dit-il, elles m'ont brûlé les yeux. »

Quatre personnes.

Deux debout. Les deux autres au sol.

Toutes avaient vu une ou deux choses cette nuit-là.

Cet endroit, c'était le sous-sol réel. C'était la vraie peur. Max se releva et s'apprêta à retourner derrière les bâches. Il leur souhaita bonne nuit, mais il n'alla pas sous l'escalier. Avec la permission de Rosa, Liesel resta auprès de lui jusqu'au matin. Elle lut Un chant dans la nuit, pendant qu'il dessinait et écrivait dans son livre.

D'une fenêtre de la rue Himmel, écrivit-il, les étoiles m'ont embrasé les yeux.

 

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